– « les pays émergents sont les pays les plus pollueurs » : info ou intox ?
Info : Nous avons beaucoup entendu parlé cette année de deux pays émergents : la Chine et l’Inde. Et pour cause, ces deux pays représentent respectivement les 1er et 3ème pollueurs mondiaux (les Etats-Unis étant le 2ème). Effectivement, d’un point de vue émission globale de CO2, ces deux pays polluent énormément !
Intox : Cependant, n’oublions pas que si ces deux pays low-cost doivent aujourd’hui faire face à un tel problème, c’est en parti à cause de nous, pays développés et très développés tel que la France, qui y avons délocalisé nos industries et par la même notre pollution. Autrement dit, les pays low-cost sont devenus les « poubelles » industrielles des pays développés. D’autre part, délocalisation sous-entend importations : en 2009, la part des importations mondiales depuis la Chine représenterait environ 9%, faisant de ce pays le nouveau numéro un mondial des importations (prenant alors la place de l’Allemagne). Nos besoins actuels et annuels augmentent le poids de la pollution en Chine. Bien que ce soit aux autorités chinoises de faire en sorte que les lois mises en place pour protéger l’environnement y soient respectées, c’est surtout aux responsables de sociétés étrangères basées en Chine de chercher à importer de la manière la plus écologique possible.
Enfin, les émissions en CO2 d’un pays dépendent aussi de sa démographie : un pays surpeuplé émet évidemment plus de CO2 qu’un pays sous-peuplé. Il faut donc prendre en considération les émissions en tonnes de CO2 par habitant : en 2007 elle ont été de 4.57 pour la Chine et 1.18 pour l’Inde, tandis que l’on compte 21.30 pour le Canada, 20.40 pour les Etats-Unis, 10.20 pour l’Allemagne et 6.20 pour la France.
– Les pays émergents sont « difficiles à convaincre qu’il faut changer », vraiment ?
Intox : Le problème ne repose pas sur la difficulté de convaincre les pays émergents, puisque ces deniers sont bien au courant de la situation actuelle, souvent les premières victimes et tout autant, voire plus, motivés que nous à faire changer les choses. Là où le vrai problème réside pour ces pays, reste le manque de moyens. S’ils sont ainsi qualifiés, pays émergents, c’est tout simplement car ces pays sont moins développés que les autres. Il n’est donc pas possible pour eux de mettre en place les mêmes réformes restrictives (de CO2 par exemple) qu’au sein des pays développés, car ils n’ont pas les moyens de s’offrir des services alternatifs comme les centrales éoliennes, hydroélectriques ou solaires.
Cependant, ces pays émergents ne sont pas moins actifs que nos pays développés. A leur échelle et en fonction de leurs moyens, ces derniers cherchent à participer à la préservation de notre planète. Nous pouvons par exemple nous intéressé à la culture du coton. Rappelons-le, la culture du coton non biologique c’est : l’utilisation de 11% des insecticides et 25% des pesticides mondiaux, une consommation comprise entre 7000 et 29 000 litres d’eau pour la production d’1 kg de coton ; en bref, c’est anti-écologique !
Etonnant, les 10 premiers pays cultivateurs de coton biologique (soit par culture saine pour l’environnement), en 2007-2008, sont 9 sur 10 des pays émergents : arrive en tête l’Inde, suivit de la Syrie, Turquie, Chine, Tanzanie, Ouganda, Pérou, Egypte et pour finir le Burkina Faso. Finalement, ces pays émergents ne sont pas si réticents aux changements ! De plus, la Chine, pays émergent, est aujourd’hui et de loin devant certains pays développés, le premier pays cultivateur de produits biologiques (fruits, légumes, coton, etc.). Il est aussi le premier producteur mondial d’éoliennes et d’ampoules basses consommation. D’autre part, ce pays a accepté, en décembre dernier à Copenhague, de réduire de 40 à 45% ses émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB, d’ici 2020.
NB : Il semble bon aussi de rappeler qu’il y a quelques décennies, nous, pays aujourd’hui développés, sous prétexte d’être les leaders mondiaux, avons laissé le monde dépérir jusqu’à atteindre les limites que nous connaissons actuellement. Sous prétexte de toujours rester dans la compétition économique mondiale, nous ne nous sommes pas vraiment préoccupés de savoir si nous produisions sain. Il semble donc logique qu’aujourd’hui nous profitions de notre place de pays développé sans oublier comment cela nous a été permis, en assumant entièrement notre responsabilité et en venant en aide aux pays qui souhaitent aujourd’hui rejoindre la compétition mondiale, en leur évitant de répéter nos erreurs mais sans pour autant les mettre plus en difficulté qu’ils ne le sont déjà.
– Les importations sont-elles un danger pour le « monde bio » ?
Info : Effectivement, concernant les domaines de productions biologiques que la France maîtrise et peut distribuer à prix abordables, les importations s’avèrent être un danger pour l’environnement, puisque cela reviendrait à polluer plus alors que l’on peut le faire à proximité, de manière saine pour l’environnement, sans trop user des transports et donc sans trop d’émissions de C02.
Intox : Cependant, de par la mondialisation, nous ne pouvons aujourd’hui nous priver de produits naturellement cultivés hors de France. Pour exemple, il est naturel de produire en Chine certaines céréales, du coton, du café, etc., des produits qui nous sont quotidiennement indispensables. Quand en Chine cultiver ces produits se fait de manière biologique et peu coûteuse, en France cela relève de techniques particulières, anti-écologiques, et très onéreuses.
Maintenant que nous savons certaines importations indispensables, il semble important de se soucier de leur poids financier, de leur éthique et de leur valeur écologique. En effet, concernant le textile et plus précisément le coton, la France a tout intérêt à se tourner vers des pays capables de lui offrir des produits biologiques à coût bas, afin de respecter au mieux notre planète, répondre aux demandes de sa population, tout en prenant en compte le porte-monnaie des français.
Dans un monde de course constante aux profits (fournisseurs, distributeurs ET consommateurs), il faut être objectif et comprendre que les importations ne disparaîtront pas. Il est donc certainement plus réaliste d’espérer voir ces échanges commerciaux devenir des importations de produits bios.
– Pas convaincu que le « discount bio » soit une avancée ?
Nous savons à présent, que faire produire à l’étranger certains produits s’avère plus écologique et moins onéreux. Pourquoi nous en priverions nous alors ? Cela ne rejoint-il pas l’idéal même que nous souhaitons atteindre pour protéger notre planète, sans pour autant faire de notre quotidien un enfer (financier notamment) ? Démocratiser les produits biologiques semble être l’étape suivante dans le processus de protection de notre environnement. Faire donc cultiver ou produire au sein de pays low-cost, tel que la Chine, certaines matières premières ou certains produits n’est donc pas à négliger. Il est important de passer outre les préjugés du low-cost « jetable », ne produisant que de la qualité basse. En effet, la plupart des objets de qualité vous entourant sont très certainement « made in China », mais « assemblés en Europe », « dessinés en France » (ce qui leur permet de ne pas afficher le « made in China »). Les produits chinois de pacotilles dépendent donc de la mentalité des importateurs et non uniquement du pays de production. Il existe sur place, des audits internationaux, des sociétés de sourcing ou des agents indépendants capables de vous assurer un produit de qualité, réalisé en Chine (certificats internationaux valides à l’appuie), comme ont pu le prouver certaines grandes filiales américaines ou européennes.
Ecrit par Elodie Sellier
sources :
www.statistiques-mondiales.com
www.ipsnouvelles.be
Nicolas gcb sourcing
9 Juin, 2010
Merci Cedric, je trouve aussi qu’Elodie a fait un travail de recherche remarquable pour cet article. Elle developpe effectivement un angle moins commun qui consiste en general a taper sur la Chine quoi qu’elle fasse. L’ecologie est importante et il est temps que chaque pays se reveille, plutot que de taper sur le voisin en disant que la bas c’est pire et se cacher derriere ca!
Cedric en Chine
7 Juin, 2010
J’apprécie le recul que vous avez su avoir sur cet article ! « Il semble bon aussi de rappeler qu’il y a quelques décennies, nous, pays aujourd’hui développés, sous prétexte d’être les leaders mondiaux, avons laissé le monde dépérir jusqu’à atteindre les limites que nous connaissons actuellement. » Et oui, et dire qu’il faut du bio et du durable, leur imposer, c’est un peu leur enlever l’échelle sous le pied et augmenter les clivages entre pays développés et Pays en voie de développement…
Elodie
28 Mai, 2010
Merci beaucoup pour me l’avoir fait remarquer, après vérification il s’agit bien d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre par unité de PIB de 40 à 45%.
Voilà, c’est rectifié ! 🙂
Wenda
27 Mai, 2010
L’article est très intéressant. J’aimerais cependant revenir sur une petite erreur. Vous dites que la Chine a accepté de réduire de 40 à 45% ses émissions de CO2, d’ici 2020 !
En fait, ces 40 à 45% ne concernent pas une réduction de ses émissions mais une réduction de son intensité des émissions qui est le rapport entre les émissions et le PIB du pays.
En gros, si la Chine à une croissance de son économie plus rapide que celle de ses émissions, alors on obtient une réduction de l’intensité des émissions sans pour autant polluer moins.
Si je me rappelle bien, d’après les dernières projections, une réduction de 40% de son intensité d’ici 2020 correspondrait à une croissance de 100% de ses émissions en 2020 par rapport à aujourd’hui.
Il est apparu que cet objectif n’est pas très contraignant pour la Chine. Bien qu’à mon sens les pays développés doivent faire d’avantages d’efforts que les pays en voie de développement, la Chine pourrait être un peu plus ambitieuse en matière d’objectifs pour ses émissions de gaz à effet de serre.
Nikolian
26 Mai, 2010
Je rejoins cet article, il ne faut cependant pas oublier que s’il est de produire à l’étranger certains produits s’avère plus écologique et moins onéreux, la plupart du temps ils sont seulement moins onéreux, car produire à l’étranger permet aussi de produire en se soustrayant aux normes environnementale (et autres) de production du pays. Ne pas se fier a un marque, à une publicité mais plus à des labels certifiant une certaine éthique, en absence de label l’inscription « Made in » indique déjà des normes très différentes suivant les pays, une cannette de Coca « Made in France » pollue beaucoup moins qu’une canette de Coca « Made in India ».